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je suis transparente...mon père est vitrier.
2 avril 2008

Ah, te voilà toi...

" Ah,te voilà toi, je peux pas bien dire que j' te reconnaisse, j' étais vraiment à fleur de jeunesse, lorsque tu m' as laissé tombé,laissé tombé...."

Toi, tu es celui que  l'  on ne nommait  pas, ou alors on disait "notre père" en ricanant. C' est bizarre que nous t' ayons toujours donné un nom de dieu...

De souvenirs avec toi, je n' en ai pas... quelques lieux fugaces, de rares cartes postales "tendresse. papa ", je ne me souviens de rien ,j' ai tout oublié, il n' y a rien à se souvenir...peut être qu' un jour ,je pourrai rayer la mention inutile...

De toi elle ne nous parlait jamais, sauf pour nous raconter le judicieux conseil que tu lui avais donné.." vis ta vie, mets les en pension..."

Je ne me souviens pas d' un jour ou j' ai eu envie d' avoir un père. Jamais. Dans ma tête cette race  n' existait pas, et je peux te dire que celà a été douloureux d ' accepter que ce monde là existe.

J' avais parfois  de tes nouvelles  parce que ma sœur, s' accrochait désespérément à ce bout de lien qu' elle était seule à arroser, par un ou deux coup de fil annuels...

Tu nous as invité  pour un apéro..  un repas aurait été de trop ??.....J'  avais 24 ans. J 'allais me marier. J' étais là à me dire que de te voir, devrait me faire quelque chose.... Du chagrin, de la rage, de la joie....Rien....Nous avons discuté.Tu nous a dit que tu avais pu acheter ton appartement puisque tu n' avais pas charge de famille...je n' ai pas échappé à un  fou rire incontrolable...Les mots de la vraie vie sont souvent bien meilleurs que ceux sortis de notre imagination....Tu nous as offert un service de verre à whisky .Arrivés à la maison, on a ouvert le paquet , il y avait une carte.. " La maison de V.... est heureuse de vous compter parmi ses meilleurs clients, et vous souhaite une bonne année 1977"...un cadeau d' entreprise de la boite pour laquelle tu travaillais...dire que je t' ai remercié...

Je ne t' ai pas revu...seulement une lettre  qui nous fut adressée concernant un papier concernant ta retraite, bien sur ,nous l' avons rempli et signé... pas de mot Fin, puisqu' il n' y a pas de commencement..

Puis ce coup de fil de ma sœur..." notre père" est très mal ,il est à l' hôpital,je voudrais  y aller"...moi, je suis à Paris...je n'  allais pas raccourcir mon séjour dans la capitale...il attendra bien que je rentre...tu as attendu (!)..et nous sommes venues te voir...Nous n' étions pas dans une chanson de Barbara..il ne pleuvait pas , tu n' avais pas demandé à nous voir...C' est ta femme qui avait appelé...

Quand je suis rentrée dans la chambre ,il y avait un homme couché dans un lit...j' ai pensé à une baleine échouée..c' était toi.

Bien sur ,je ne t' ai pas reconnu, vu que je ne te connaissais pas..toujours ce sentiment étrange de ne pas ressentir ce que j' aurai du ressentir..

Le kiné est arrivé, elle nous a présenté comme ses filles...déjà, je me suis sentie flouée..il nous a dit un truc ,style "il était temps de venir.."..je me suis sentie jugée ..je n' ai rien dit...trop à dire et pas assez de mots.

Puis ,le médecin est venu nous voir. Venez dans mon bureau, que l' on puisse parler.  Il nous a expliqué avec sincérité,  croyant qu' on était vraiment ses filles...que c' était la fin, que c' était mieux, que c' était une question de jours , d' heures...Il nous regardait sans comprendre notre manque de réaction, de sentiment...Il était géné...moi ,j' étais dérangée...je me suis levé pour couper court, je  lui ai dit que vraiment il avait trouvé les mots pour le dire ...

Nous sommes retournées te voir..elle nous a raconté combien la vie avec toi malade n' était pas simple..je n' ai pas trop écouté parce que celà m' intéressait peu...j' ai quand même fait la gentille et la polie comme on m' a appris..

J' avais hâte de partir parce que je sentais la rage me gagner...on t' a dit au revoir, je ne crois pas t' avoir embrassé...tu as eu l' air soulagé ...

Dans la voiture, plus j' y pensais, plus j' étais en colère..contre elle, de nous avoir donné titre de "ses filles"..contre le kiné, non mais de quoi je me mêle, qu' est ce qu' il en sait de ma vie...contre moi, qui n' ai rien dit, qui ai  accepté...

Cette rage qui me reprend chaque fois que j' y pense , et ici, en écrivant.

Je ne t' ai pas revu, le coup de fil suivant a été pour me dire que tu étais mort...Je suis allé à ton enterrement.....

J' ai encore des choses à te dire, à me dire, à préciser...des choses qui t' enfoncent, des choses qui modèrent...plus tard, parce que là, je suis fatiguée..


Georges Chelon...j'e l' ai souvent chanté dedans moi, cette foutue chanson..meme si l' histoire est differente, quand j' étais jeune, elle me "parlait " vraiment..




Georges Chelon - pere prodigue
envoyé par bisonravi1987

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Commentaires
L
@ toutes..une seule réponse..silence parce que j' ai tout dit dans ce texte..je vous embrasse
L
Une relation avortée, tuée dans l'oeuf... morte avant d'avoir été vécue... tes mots me donnent des frissons Luisasi... ton histoire aussi... rien à dire... juste le silence comme le dit si justement Coumarine... le silence présent...
D
Emue! Je t'embrasse...
M
Touchée moi aussi. De plein fouet.<br /> Je pense à toi, je t'embrasse.
C
Juste te dire que je t'ai lue et que comme dab...je suis touchée...<br /> Je n'ai pas de mots d'ailleurs<br /> Le silence
je suis transparente...mon père est vitrier.
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