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je suis transparente...mon père est vitrier.
25 juin 2008

Mes textes Kaleidoplumes...

Quelques textes écrits pour Kaleidoplumes. Un gros pavé sous lequel, je ne suis pas sure que vous trouviez la plage....



IL Y A 27 JOURS, 11 HEURES ET 13 MINUTES....


Il y a 27 jours 11 heures et 13 minutes que tu es parti. Que tu m' as laissée seule dans ce village,cette maison que tu avais choisi. "Pour que toi et moi devenions NOUS " me disais tu.Deux années de NOUS et puis plus rien. L'oubli de moi.

Il y a 27 jours 11 heures et 13 minutes , tu t' es levé , tu m' as embrassée et tu es parti
comme tous les autres matins. Après ... ce message sur le répondeur: " Ecoute, ne m' en veux pas, je ne rentre pas, je ne rentrerai plus, je ne sais pas expliquer pourquoi, mais NOUS c' est fini ". Je me suis couchée par terre et j' ai pleuré, je crois que depuis 27 jours 11 heures et 13 minutes, je n' ai pas arrêté de pleurer.

Depuis je reste seule , malgré les coups de fil des amis qui me disent ces mots que je déteste: "tu es jeune, tu recommenceras; il ne te méritait pas , oublie le; un de perdu , dix de retrouvés". Malgré les gentils sourires de la boulangère, la sollicitude de ma voisine d' en face. Dans ma tête, en boucle, je cherche ce que je n' ai pas vu, ce que je n' ai pas senti....Y a t il eu un moment ou tu as changé, ou tu montrais que tu ne m' aimais plus? Ce matin là, est ce qu' il y a eu un signe? Ton baiser était le même, simplement je me souviens..tu ne m' as pas dit " à ce soir" ....

Il y a dix jours, ma voisine est morte, tous les jours depuis qu' il n' y avait plus toi, elle venait pour m' apporter des cerises de son jardin, un morceau de pain qu' elle avait fait. On ne parlait de
rien , mais c' était la seule à qui j' ouvrai ma porte. Elle est morte, tranquillement dans son lit.
Ses enfants sont venus , ils ont fermés les volets de sa maison et sont repartis sur Paris.

Depuis ce jour, j' ai fermé mes volets, débranché la télé , décroché le téléphone . J' ai peur
un jour de ne plus me souvenir de ce qui était toi. Alors, je me raconte, tes yeux, ta bouche,
tes mains,ta voix, ton cœur. J' essaie de faire le lien entre celui que j' aime, et celui qui a pu
partir , sans un mot . Le maillon manquant ,est ce une fille, une secte, es tu devenu fou,
es tu gravement malade ? Dans le noir, j' ai perdu le sommeil, l' idée des autres et de l' heure
,l' appétit et le respect de moi même. Dans le noir, je me traine à tes pieds, je te demande
pardon de fautes que je n' ai pas commises .Dans le noir, je t' insulte ...comment çà
"ne m' en veux pas"...je te hais. Dans le noir je te hais et tu me manques.

Il y a 27 jours 11 heures et 13 minutes que tu es parti. Dans l' ombre de mes volets clos,
j' attend de voir qui va gagner. La rage contre toi qui me dit de quitter cette maison
et le mensonge qu' elle représente, ou l' impossibilité du "sans toi" , l' envie de rester là ,
de ne plus exister pour me punir et te punir. Ne plus respirer , jamais. Sans bruit, sans cri,
sans appel au secours, seule. Derrière mes volets fermés, mon chagrin est pudique.



ALYA....consigne 20..


Dans l' avion qui vole vers  Tel Aviv...

J' ai 76 ans. J' oublie souvent mes clefs, les rendez vous. Je n' oublie plus depuis quelques temps mon passé.
Je suis juive, maintenant je le sais.

J' ai voulu l' ignorer pendant très longtemps.J' ai tout refusé de ce qui aurait pu m' y rattacher. Jusqu' à mon prénom et mon nom que j' ai travesti.
Oublié le gout des Matsots de Pessah et des choux-choux d' Anoucca.Effacée la
"Dona dona" chantée par ma maman.

Me tenir éloignée de ce qui m' avait enlevé, mes parents, ma soeur, mon insouciance, ma jeunesse. Folie d' enfant. Folie de la prisonnière qui se sent coupable et en oublie son tortionnaire. Maintenant, je sais celà aussi.
Là dans mon sac, il y a cette feuille d' écolier ou j' ai écrit, il y a 60 ans jour pour jour:
"14 MAI 1948. L'état d' Israël vient de naitre .Quel avenir pour moi? Fuir, oublier, refuser, ne plus avoir confiance, me boucher les oreilles, fermer ma bouche et mon coeur. Enfermer mes souvenirs et ne plus jamais les rechercher. Rejeter. Surtout ne plus jamais me laisser faire. Me taire et oublier pour mieux recommencer."

Les larmes aux coin des yeux , je revois cette jeune fille, puis cette femme vivant les poings serrés et le cœur mort.

Un mariage rapide, un divorce dans la foulée, un garçon, deux petits enfants. La solitude. Cette obligation de continuer à me taire.Ne plus pouvoir parler, parce que j' avais perdu mes mots.Ne pas vouloir entendre ni voir. Le cœur noué au détour d' une chanson, d' un film, et toujours ne pouvoir rien expliquer.

Et puis depuis quelques temps, me lever avec cet air yiddish dans la tête, acheter un chandelier dans une brocante, et m' apercevoir qu 'il a 7 branches, revoir le regard de mon père, le rire de ma petite sœur, sentir la main de ma mère, me retourner quand on appelle Sarah...me souvenir par bribes de la prière de Shabbat...

Parler à mon fils, lui raconter, lui expliquer, pleurer longtemps dans ses bras. Savoir maintenant que je n' étais pas coupable d' être juive.

Et puis, me décider parce que je leur, je me dois bien çà, à faire mon alya...

A mon arrivée à Tel Aviv , mon premier geste sera d' aller au mur des lamentations, d' y déposer ma lettre, je suis sure que celui dont on n' écrit pas le nom comprendra ...

L 'avion se pose. J' arrive le jour des 60 ans d' Israël.
L' hôtesse de l' air vient m' aider, je lui souris et je lui dit: Toda. Mon premier mot d' hébreu depuis si longtemps...


ON IRA TOUS AU PARADIS....consigne 23


J' ai emménagé hier , au 12 impasse des délices. Pas le temps de m' installer que la fête des voisins s' organise sous ma fenêtre..la vie est vraiment bien faite !!!!

Jean blanc, tee shirt blanc, je prépare un grand pot de cocktail Paradise: gin, liqueur d' abricot, jus d' orange. Je me dépêche de rejoindre les autres..dommage cette migraine qui me taraude depuis mon installation. Tant pis, je ne boirai pas trop ce soir!

Une grande table ,recouverte d' une nappe blanche est installée au milieu de la rue, face à ces petites maisons toutes semblables .Un petit air anglais sous un soleil flamboyant. Sur la table quelques bouquets de "Forget me not". " Bonjour ,je suis la nouvelle du numéro 12, je suis contente de vous rencontrer. Je vous ai préparé du Paradise, en référence au "Jardin des délices" qui est l' autre nom du Paradis, et pas seulement le titre d' une chanson de Patrick Bruel". Ils me sourient et me remercient.

Il y a un vieux monsieur qui me raconte qu' il ne sait plus depuis quand il habite là,mais il y a très,très longtemps, vous savez. Une petite fille joue à la marelle, et passe en riant de l' enfer au paradis. Un couple danse lentement sur la chanson de Gloria Lasso " Etranger au paradis". Un homme d' une quarantaine d' années, me dit qu' il a enfin eu le temps de voir "A l'est d'eden".

L' ambiance est calme, ouatée. Les conversations sont légères et insouciantes.Pas un mot sur l' augmentation de l' essence, sur la baisse du pouvoir d' achat....Tant mieux ,car j' ai du mal à suivre . Mon mal de tête est de plus en plus fort, et une douleur au cœur m' étreint.
A table, crie une habitante portant une magnifique robe blanche brodée...on dirait une mariée. Une jeune femme habillée vintage s' assoit près de moi en fredonnant..." un p'tit coin d' paradis contre un coin d 'parapluie ,elle avait quelque chose d' un ange".

Je suis fatiguée. Je regarde mon tricot. D' ou vient cette tache rouge . Cette atmosphère bizarre qui me donne l' impression d' être sur nuage. Ce soleil qui n' en finit pas de briller. Ces gens qui m' entourent tous habillés de blanc, l' air évanescent. Qu'est ce qu' ils ont dans leur dos...on dirait des ailes...Je ferme les yeux. Une énième dispute. Des cris. Un couteau dans sa main. Du sang. Je veux dormir. Et cette chanson de Polnareff, qui hurle à la radio " On ira tous au paradis ,même moi...".


CHANGEMENTS....consigne  21


Marseille. 35 ans. Religieuse. Professeur d' anglais au Cours Notre Dame de France.

9 MAI 1968
Nous écoutons la radio le soir avant la prière. On y raconte ces garçons et ses filles qui balancent des pavés sur les forces de police.Les journalistes parlent de morts, de blessés.Ils interviewent les leaders du mouvement.Leurs propos sont abruptes et vulgaires.
Au Cours, les élèves commencent à poser des questions. " Pourquoi on ne parle jamais de Sartre, de Simone de Beauvoir, en français, en philo?" . Je leur ai répondu que ce n'était ni des écrivains ,ni des philosophes, seulement un homme et une femme qui écrivaient des choses immorales et qui justifiaient ainsi leur façon de vivre.

11 mai.
La France se paralyse.Les étudiants, les lycéens et pire leurs profs, sont dans la rue. Les ouvriers, tous communistes, sont avec eux.. A Marseille, il y a de grands défilés.Le maire, demande à tous les Marseillais de suivre le mouvement.Celà ne nous a pas étonné de la part d' un maire socialiste. Les lycées ont fermé leurs portes. Dans le cas contraire, des piquets de grève en interdisent l' accès. Nous, nous fermons à clé les grands portails de la rue Breteuil, et nous avons organisés un tour de rôle pour faire le guet depuis la loge de la concierge. Quelques élèves revendiquent le droit de ne plus porter d' uniforme , d' en finir avec la messe obligatoire. Heureusement c' est une minorité. Nous sommes inquiètes de voir notre pays tomber dans l' anarchie.Le soir nous prions pour la France.

13 mai
Il devient de plus en plus difficile de faire cours. Les élèves sont excitées, certaines parlent d' aller rejoindre les manifestants à la sortie.J' ai pris sur moi de prévenir les parents. Une
terminale a amené un petit poste à piles. Je lui ai confisqué. Je l' ai gardé dans ma chambre. Nous n' avons pas le droit d' avoir ce genre de chose. Je ne sais ce qui m' a pris. Nous avons encore une fois écouté les informations.Je regrette que nous n' ayons pas de télévision. Je me pose beaucoup de questions.

18 mai.
Certaines de mes élèves sont venues me voir à la fin du cours, pour me demander ,si elles pouvaient apporter leurs disques , que je les aide à traduire les paroles. J' ai eu envie de dire oui , mais mes sœurs n' auraient pas compris.... Ce soir, nous avons beaucoup discuté entre nous. Les autres ont peur, de la révolution , de la chute des valeurs chrétiennes..Notre directrice nous a fait un long sermon. Elle a rejeté en bloc toute idée de changement. Nous devons maintenir nos élèves dans le droit chemin et l' obéissance. Les idées révolutionnaires ne sont rien d' autres que des paroles du Mal, et nous devons, nous en protéger... Nous avons prié pour le Général de Gaulle..Le soir, tout doucement, j' écoute les informations sur le poste que j' ai gardé. Il y a aussi des chansons, certaines me touchent, celles de la comédie musicale "Hair", par exemple. Je me demande si malgré les excès , certaines choses positives ne vont pas sortir de ce printemps bousculé.Le mot Révolution doit il toujours nous faire peur? Doit on refuser de parler, des garçons, de l' amour, de la liberté? .Mon cœur bat comme celui d' une adolescente.Je demande pardon à Jesus pour ces excès.

22 mai.
Aujourd' hui passent en conseil de discipline, deux élèves de seconde. La première a chanté en début de cours de Maths, l' Internationale, le poing levé. La deuxième a affiché une feuille avec écrit : "Plus je fais l' amour, plus j' ai envie de faire la révolution.Plus je fais la révolution ,plus j' ai envie de faire l' amour".3 jours de renvoi. J' ai essayé de minimisé, d' argumenter que c' était plus de la provocation adolescente qu' un acte révolutionnaire. Mes compagnes, ne m' ont pas écouté. Ni même comprise. Pour elles, c' est le début infernal de la débauche. Qu' il en allait de Dieu, du Pape et du Président de la république. J 'ai pensé que Jésus était passé pour un dangereux révolutionnaire. Qu' il avait tendu la main à Marie Madeleine.. A la discussion de soir, je me suis tue. J' ai parlé à Dieu, lui demandant de m' aider à y voir plus clair, parce que je ne suis plus sure que tout soit à rejeter dans cette révolution..

28 Mai.
J' ai caché mon journal. Marseille est mort. L es ordures ne sont plus ramassées , les magasins sont fermés, les administrations aussi. Ici, nous continuons nos cours...Les manifestations jusque sous nous fenêtres exacerbent les esprits. Un petit groupe d' élèves tente de faire rentrer Mai 68 dans nos murs. Des slogans sont écrits sur les pages des cahiers. "SOUS LES PAVES LA PLAGE". "A toi l' angoisse à moi la rage" .Je trouve qu' ils sont poétiques et je ferme les yeux. Je réfléchis beaucoup sur mon choix de vie.Je ne le regrette pas.J' ai la Foi et je sais qu' en rentrant dans les ordres, j' ai trouvé ma place .Mais cette petite brèche sur le monde me taraude. Est ce mon rôle de maintenir ces filles contre vents et marées dans un carcan ? Est ce réellement être fidèle à Jésus de ne rien vouloir entendre? ..J' ai beaucoup de mal à dormir, partagée entre l' envie de voir cette révolution faire changer le monde et la peur de l' inconnu...Je prie Marie de m' aider.

31 Mai.
Grande manifestation de soutien au General de Gaulle.La révolution s' est arrétée là devant ce mur de résistance.Mes sœurs sont soulagées. Le Bien a gagné, disent elles.Moi, je crois que rien ne sera comme avant. Moi, en tout cas, je ne suis plus la même.

15 juin.
J' ai demandé à quitté le Cours Notre dame de France, cet été, et à intégrer notre école à Dakar. J' emporte avec moi, cette petite radio qui représente tant pour moi.


VOS DIEUX ONT LES MAINS SALES.....consigne 25


Lettre à l' attention de Maitre Deville.                           12 juin 2008.


Depuis des années, j' ai choisi le silence. Depuis des années , je refuse de répondre à vos questions. En ce jour de demande de pardon à mon peuple par le gouvernement canadien, peut être est- il enfin l' heure de me confier. Sachez quoiqu' il en soit,que je ne répondrait plus à vos courriers, ni à aucune demande de rencontre.

Je suis né en 1960 dans un famille indienne à la Huque . A six ans , des hommes m' ont amené au pensionnat de Saskatchewanes. Je n' ai plus jamais revu mes parents .

Tous les jours ,le directeur nous rassemblait et nous répétait combien nous avions de la chance d' avoir été éloigné des nôtres, de pouvoir avoir accès à la culture et aux études. Il me félicitait toujours pour mes bons résultats . Quand il s' approchait de moi, je baissais les yeux et fermait mon
cœur.

Nous n' avions aucune récompense ,jamais, des bleus sur le corps très souvent. Les moqueries , les douches glacées , la peau frottée jusqu' au sang pour effacer à jamais la couleur sombre de mon peuple. Les prières forcées à ce dieu qui n' était pas le mien.
Des années à entendre que ma mère était une chienne et mon père un loup. Tout ce temps à m' expliquer de gré ou de force que ma terre ne m' appartenait pas, que ma culture était mauvaise, que les miens étaient les fils du diable. J' ai fini par en oublier mon vrai prénom, le regard de ma mère et la voix de mon père.
J' ai vécu dans une soumission totale à leurs idées, leurs envies.

Arrivé à 6 ans, j' en suis sorti à 21 ans, mon diplôme universitaire en poche. J' ai continué mes études et travaillé en tant que consultant financier pour une grande banque.

Plus le temps passait plus ce que j' avais vécu m' était douloureux. J' avais mal, comme si on continuait à me frapper, j' avais honte comme si on continuer à me violenter. Les mots employés contre mon peuple hantaient mes nuits. Je savais que j' étais Huron. Je savais que jamais la terre, le ciel, le feu et l' eau, n' auraient autorisé ce que leurs dieux avaient permis .
La haine était en moi,tapie. Ce jour là ,elle a été la plus forte. Je suis devenu ce pourquoi ils m' avaient puni. Le fils d' une chienne et d' un loup. Cette nuit là j' ai tué pour la première fois. Enfermé ici, je paye ma double peine : celle de la justice, celle de leur avoir donné raison.

Prison de Cowansville.   ASKOOK (le serpent).

"Vos dieux ont les mains sales". titre d' une chanson d ' IAM.



 
         

 




         
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Commentaires
C
bonsoir<br /> je voudrais juste vous remerciez et surtout vous félicitez pour votre façon de vous exprimez! en vous lisant j'avais l'impression que vous parliez de moi ou du moins de mon histoire et cela m'a vraiment touché,je revis mon passé et chaque mot de vous résonne en moi et ne me laisse guére indifferente merci et mille fois merci!! bon courage et que dieu vous protége.
F
formidables textes.<br /> Tu as un style. vraiment très particulier. <br /> Et bon !!! c'était implicite mais je rajoute, sinon tu vas te dire que c'est nul, hein ! arf !<br /> <br /> bizzzzzzzz
F
le tout premier, il est très fort... et si juste. <br /> je reviendrai lire les autres plus tard.<br /> bizzzzzz
M
Moi aussi je suis passée, comme tous les jours, j'ai lu.... et j'aime<br /> Bises
F
juste pour dire que je suis passée, pas encore lu, je préfère avoir le temps, qu'aujourd'hui je n'ai pas.<br /> biz à toi, je reviens dès que je peux.
je suis transparente...mon père est vitrier.
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